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Ingénieur du son - Interview de Simon Derasse

Pourquoi la musique ?

Ai-je vraiment choisi ? Je ne sais pas. Ça m'est tombé dessus, ça m'a plu... j'ai continué. D'abord la fanfare, puis le conservatoire. La passion pour le son, le matériel et toutes les technologies qui tournent autour de la musique. Ça ne m'a jamais quitté. Aujourd'hui encore je suis de près toutes les dernières innovations.

Et si ce n'était pas le son ?

Alors ce ne serait rien ! Plus sérieusement, je ne sais pas. Je serais sans doute musicien. Il y a un moment où il a fallut faire un choix entre une carrière de musicien ou une carrière d'ingénieur du son. Je n'ai pas tellement hésité mais j'avais le choix.

Si j'ai abandonné la part interpète de la musique, je n'en ai jamais abandonné la part artistique et créative. J'ai toujours arboré plusieurs casquettes passant de l'ingénieur du son au compositeur, à l'arrangeur, au directeur artistique... Toujours dans l'ombre, mais le soleil me donne des problèmes de peau... je me sens bien dans l'ombre.

Simon Derasse
Simon Derasse enregistrement Jazz au Studio d'Estrade

Jamais eu envie de passer de l'ombre à la lumière ?

Définitivement non ! La reconnaissance du public ce n'est pas être reconnu quand on fait ses courses ou passer sur un plateau télé. La reconnaissance c'est quand votre travail est apprécié du public, peu importe qu'il connaisse votre nom, ça n'a aucun intérêt pour moi.

Mais le métier d'ingénieur du son a un côté ingrat. C'est à dire que tout le monde n'est pas nécessairement très exigeant quant à la qualité sonore... et finalement un bon mix est celui qui ne se fait pas entendre. Il ne faut pas oublier que nous ne sommes qu'un outil au service de la musique pour la mettre en valeur. L'important reste la composition et l'interpétation et c'est d'abord à cela que le public fait attention. Pour la qualité, le perfectionnisme sonore, c'est plus rare car, dans sa grande globalité, le public n'est pas nécessairement audiophile.

Souvent le côté "public relation" et "people" compte davantage que la compétence réelle... mais c'est ainsi dans tous les métiers finalement, il faut apprendre à composer avec... (rire)

Je dis cela, mais je nai jamais appris à composer avec le côté "public relation", ça ne m'intéresse tout simplement pas.

Que pensez-vous du métier d'ingénieur du son aujourd'hui ?

Il a tellement évolué... rendez-vous compte que techniquement ce n'est plus du tout le même métier qu'il y a 40 ans. Mais il faut avoir l'oreille, ça : ça n'a pas changé. Beaucoup ce sont épenchés sur un "c'était mieux avant..." ou "l'analogique c'était mieux...", je n'en suis pas. La technologie d'aujourd'hui permet d'aller plus facilement plus loin artistiquement et permet un recul technique que l'on ne pouvait pas se permettre dans les années 80 à moins d'avoir un budget "temps passé en studio" exceptionnel. Le studio était bouclé pour tant de jour, et il fallait faire le travail dans ce laps de temps. Il fallait parfois se contenter d'un travail propre faute de temps pour peaufiner. Étant terriblement perfectionniste, j'apprécie les outils informatique qui nous permettent de reposer nos oreilles et d'aller plus loin.

enregistrement studio
Simon Derasse au studio Grande Armée au Palais des Congrés - Paris

Un mot à dire à la jeune génération ?

Fuyez ! (rire)
Plus qu'un mot, une question. Êtes vous assez passionné pour vous lancer dans l'aventure aujourd'hui ? Parce que ça risque d'être très très dur. Vous êtes de plus en plus nombreux, les formations se sont multipliées et le travail et les budgets ont pris un sérieux coup dans l'aile.

Aujourd'hui nous travaillons beaucoup dans nos propres structures. C'est mon cas. Je me suis équipée avec du matériel professionnel haut de gamme pour pouvoir continuer le métier. Aujourd'hui, on n'appel plus que très rarement un ingénieur du son freelance pour enregistrer ou mixer en studio. On prend l'ingénieur maison du studio parce qu'il est inclus dans le tarif et que les budgets sont à la baisse. En tant que freelance, si vous n'êtes pas équipé, c'est très difficile de travailler.

J'ai commencé assistant, puis je suis passé ingénieur maison et assez rapidement freelance. À l'époque, on croisait les musiciens, les directeurs artistiques dans les studios qui nous réservaient des séances à l'arrache en se saluant dans le couloir. Aujourd'hui tout cela n'existe plus, ça rend les choses très compliquées et c'est beaucoup moins drôle...

Alors, finalement, c'était mieux avant ?

(rire)
D'un point de vue relationnel, pour faire son réseau dans le métier, oui, c'était mieux avant. Pour l'aspect technique, j'en resterai à ce que j'ai dit précédemment.

Simon Derasse au studio Guillaume Tell à Suresnes